Dès mes premières années, un écart s’est imposé, une dissonance entre mon être et l’ordre établi. 

Face aux premières secousses, j’ai trouvé dans l’art un espace de transformation : là où la fragilité devient force, et l’expérience, matière à création. Le dessin fut ma première échappée. À treize ans, la photographie m’a offert un autre regard : un moyen de ralentir, de cadrer, d’habiter autrement le réel.

Depuis cinquante ans, je développe une pratique transversale — photographie, sculpture, performance, arts sonores — centrée sur la relation entre matière, vibration et perception. Mon travail explore les zones de passage entre le tangible et le sensible, entre mémoire, matière et résonance. Je cherche moins à produire des formes qu’à ouvrir des espaces : d’écoute, de regard, de présence. Chaque œuvre est une tension : entre le visible et l’effacé, le geste et le souffle, la présence et la disparition.

Aucun CV — par choix. Je préfère que les œuvres parlent d’elles-mêmes, comme un livre ouvert. Qu’elles disent le parcours, les tensions, les silences. 

C’est ma forme de résistance.

C’est là que je me tiens.
J’ouvre des passages, des pistes, des interrogations.